Sommes-nous devenus désespérés et acerbes au point que la seule réponse que nous sommes capable de fournir en toute circonstance soit l”insulte, le mépris et le rejet de l’autre ? Avons nous si peur du changement ou de l’inconnu que nous nous terrons dans notre certitude stérile au point d’ânonner de fausses vérités qui nous rassurent et gonflent notre ego de Français ? Où manifestons nous simplement la rage issue de notre impuissance face à un gouvernement quel qu’il soit ?
Aujourd’hui, une chose est certaine, nous préférons, et cela nous simplifie la vie, se positionner contre quelqu’un ou quelque chose plutôt que de choisir cette personne ou cette chose.
« Je n’ai pas voté pour Hollande mais j’ai voté contre Sarkozy »
– Français normal
Nous faisons partie des privilégiés sur cette planète, quoi qu’on en dise. Notre pays n’est pas en guerre, l’état octroi des aides à ceux qui en font la demande et globalement nous jouissons d’une certaine liberté. Oui nous sommes libres, car pour moi, la liberté est avant tout la capacité de se déplacer et de s’exprimer librement sans pour autant déranger les autres et sans craindre pour sa sécurité.
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. » – Benjamin Franklin
Je précise que M.Franklin n’avait aucune idée de ce que serait internet. Avant de vous souciez de ce que peut capter le gouvernement avec leurs valises d’écoute IMSI-Catcher, balayer devant votre porte et nettoyer vos profils internet, supprimer vos comptes sur les sites que vous n’utilisez plus… Ceux qui ont milité contre cette loi tout en publiant des messages personnels et leurs photos de vacances sur les réseaux sociaux me font bien rire. Vous voulez protéger une vie privée que vous étaler sans vergogne sur Facebook ou Twitter à la vue de tous.
Oui tout n’est pas parfait, nous pourrions avoir un peu plus de pognon pour nous payer le dernier écran plat incurvé de chez Sony ou Samsung, ou simplement avoir la possibilité de manger ce qu’on souhaite, d’acheter de la viande… chacun ses priorités.
* * *
J’ai vu récemment quelques photos sur des personnes âgées et des sdf mourant de faim et de froid dans la rue à la une des plusieurs sites d’informations pour protester contre l’arrivée des migrants. Avez-vous pensez au contexte de ces photos ? Est-ce la photo une grand-mère levant la main pour jeter son mouchoir à la poubelle comme une citoyenne responsable peut-elle être détournée pour une campagne de propagande anti-migrants ? Oui. Je vous laisse donc imaginer ce qu’on peut faire avec cette photo.
Propagande : ensemble d’actions psychologiques exercées sur les pensées et les actes d’une population, afin de l’influencer, l’endoctriner ou l’embrigader.
Une vidéo où une photo prise hors contexte peut être utilisée pour vous faire croire n’importe quoi. A titre d’exemple, un individu en frappant un autre vous indique que c’est l’agresseur, mais les 15 secondes de vidéos qui ont été coupés avant pourraient vous indiquer que c’est l’agressé.
* * *
Ce qu’on prenait il y a quelques temps pour des discussions d’ivrogne au comptoir d’un bistrot se révèle être en réalité une opinion largement répandue où l’individu ne ferait, pardonnez l’image, que pisser sur ce qui ne lui plaît pas pour le rendre encore plus affreux au lieu de trouver une solution pour le rendre plus plaisant.
La liberté d’expression à ceci de joli qu’elle permet le pire comme le meilleur. Le pire, je peux facilement le trouver, il suffit de traîner quelques minutes sur Facebook ou Twitter pour récupérer un lien qu’un “ami”, de bien avisé, de “plus mieux bien” que les autres, aura partagé à son entourage sans forcément avoir conscience que tous nos proches n’ont pas la même vision du monde et de la politique que nous. L’exemple, c’est “Marie-Christine Barriere Dupuy” qui nous livre un article poignant venant du fond de son coeur : Migrants plutôt que de fuir tels des lâches, retroussez-vous les manches et reconstruisez vos pays !
Ce qui fait assez mal, c’est que ce genre de connerie reçoit un écho favorable et que beaucoup de personnes approuvent un tel discours, dont l’ami qui l’a partagé sur les réseaux sociaux.
Quand on élève la voix contre ce genre de pratique, on se fait tacler sous des prétextes idiots comme quoi nous avons qu’à héberger des migrants chez nous ou encore qu’on est un « gauchiste extrémiste bien-pensants qui vit dans un monde de bisounours » (véridique). Donc, me faisant tâcler à chaque discussion, soit de gauchiste si je suis un peu trop indulgent, soit de fasciste si je suis trop vindicatif, et bien je ne dis plus rien, si bien que les seuls qu’on entend sont ceux qui l’ouvre pour dire des conneries et cracher leur haine du monde à qui veut bien l’entendre.
Je noterais également qu’utiliser « Mais nous ne vivons pas dans un monde de bisounours » revient à dire à son interlocuteur : « Quel naïf tu fais ».
Jusqu’à preuve du contraire, je reste un humain lambda, incapable aussi bien financièrement que logistiquement d’accueillir qui que ce soit chez lui, il y a aussi sans doute une part de crainte de dormir dans le même endroit que quelqu’un que je ne connais pas. Ce serait également hypocrite de ma part de dire que je serais prêt à m’investir au service d’une association humanitaire. Je dis simplement que je comprends leur situation, que je compatis et que si l’état estime qu’il peut accueillir 24.000 réfugiés de guerre, car c’est ce qu’ils sont, qu’il le fasse et qu’on lui foute la paix parce que vos impôts, avec ou sans migrants, auraient été les mêmes.
Pour en revenir à l’article, nous avons en face de nous une feuille de chou de droite qui exulte à la moindre affaire concernant la gauche et accepte de payer pour rembourser la dette d’une personne qui ne sait que la creuser… Car bien sur s’appeler “La gauche m’a tué” revient à exprimer une orientation plutôt de droite, sinon “La politique m’a tué” aurait été beaucoup plus judicieux. Le pire, c’est que nous avons droit à un magnifique bandeau publicitaire nous offrant bien gentiment de payer 4€90 pour recevoir les meilleurs articles de ce site internet qui n’est qu’un défouloir où la haine et l’absolue négligence d’autrui prime.
* * *
Comprenez moi bien, je ne décrie ni la volonté politique, ni le message qui se trouve derrière un article, mais plutôt la forme employée. Insulter un homme politique de bouffon, flamby, gros-lard, Moi-je ou tout autre sobriquet n’a pas vraiment de sens si ce n’est déverser sa haine de l’autre. Renvoyer ou refuser les réfugiés sous des prétextes politiques, économiques et sociaux est une chose, claironner que ce sont des lâches, sous prétexte que nous, français, n’avons pas fui en 39-45 pour sauver notre pays en est une autre. N’est-ce pas Madame Morano ?
«Heureusement que nous n’avons pas fait pareil, nous, en 1939-1945 ou en 1914 ! Nous avons tous des aïeux qui reposent dans la terre de France, qui se sont battus pour la liberté et pour sauver la France. Alors moi je dis qu’il faudrait aussi que ces personnes, plutôt que de fuir parce que ça n’est pas la solution, se battent pour leur pays et qu’on les accompagne dans ce combat. C’est ça la réalité, il faut leur permettre de rester chez eux!» – Nadine Morano au sommet de son art.
Car contrairement à l’idée reçu, la France a fui pendant la guerre. Alors certes nous avons fui pour quitter la France occupée pour rejoindre la France libre, certes quelques uns sont restés pour se battre et il est important de les honorer. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’un exode massif eu lieu à l’époque.
* * *
Avec l’exemple du mariage pour tous, nous avons eu la preuve que les cons sont toujours là. Pourquoi refuser une loi, un droit, qui ne nous fait pas de tort ? Si on en est à ce point là d’égocentrisme, pourquoi dois-je accepter que des gens démunies reçoivent des APL, alors que personnellement je n’y ai pas droit ? Si vous pensez que chaque loi doit être dans l’intérêt de tous, vous n’avez qu’à faire votre coming-out pour profiter pleinement de votre tout nouveau droit. Qu’en dîtes vous ?
Pensez-vous dans quelques décennies que les combattants rebelles Syriens affrontant d’un côté un régime tyrannique et de l’autre des fanatiques religieux ne seront pas élevés au rang de martyrs par leur peuple comme l’ont été les nombreux maquisards et résistants Français après la guerre ?
Pensez-vous que qualifier le Président Hollande de bouffon ou de flan le rendra plus sympathique à vos yeux, moins dangereux ? Est-ce que cela vous rassure de penser que vous valez mieux ?
Que comptez vous faire derrière vos écrans à vous lamenter pour votre pouvoir d’achat, à hurler à qui veut bien vous lire que vous emmerdez les migrants et la politiques du gouvernement tout en restant confortablement installé dans votre fauteuil ?
Alors oui je fais également partis des gens qui sont confortablement installé dans leur fauteuil derrière leur écran, mais je vote, et j’assume. Un mandat présidentiel n’est que de 5 ans. Après ces 5 années plus ou moins fructueuses, nous avons de nouveau le choix, bien souvent de conserver ou de renvoyer le président en place, et ceci n’a pas cours dans de nombreux pays. Dans quelques années je voterais moi aussi pour probablement changer de gouvernement, celui-ci, bien qu’ayant été mon choix, ne m’a pas convenu. Et quand je lâcherai mon bulletin dans l’urne, je n’aurais aucune pensée à ce moment précis.
Ce serait mentir de prétendre que, quand je lâcherai ce bulletin, j’aurais une pensée pour tous ceux qui ne peuvent pas voter car leur pays est en guerre ou aux mains d’un tyran, une pensée pour les réfugiés installés en France qui ne peuvent rentrer chez eux, une pensée pour les Français défavorisés. Pour vous dire la vérité, quand ce bulletin tombera rejoindre les autres bouts de papiers qui décideront de la conduite du pays pour les 5 années à venir, je penserais sans doute à la fin d’après-midi qu’il me reste, où je devrais choisir entre passer l’aspirateur, juste glander devant mon écran plat incurvé de chez Sony ou Samsung ou encore choisir entre un repas à base de viande ou de poisson.
Que l’on soit pour ou contre le gouvernement, pour ou contre ses décisions, pour ou contre l’arrivée des migrants en France, cela ne doit pas remettre en question votre sens critique. Est-ce que cette chose est bonne pour moi ? Pour le pays ? Pour le monde ? Est-ce qu’une chose peut-être bonne pour quelqu’un sans que j’en tire profit et sans que j’y trouve à redire ? Dans un second temps, posez-vous la question de votre entourage, est-ce que vous êtes prêt à sacrifier une amitié pour une simple partage d’un article ou d’une vidéo socialo-libéro-centro-fasciste (rayez la ou les mentions inutiles) ?
Vous venez de perdre un lecteur.
Pour quelle raison ?