Contrairement à ce qu’on pouvait croire, la fille de l’aubergiste, Carina de son prénom, se révélait être de fort bonne compagnie. Ayant grandit dans un milieu alcoolisé, elle connaissait une quantité impressionnante de chansons à boire, chansons paillardes et jurait comme un chartier. Si au début ce comportement avait surpris les deux hommes, ils se firent rapidement à sa compagnie et la considérait maintenant comme n’importe quel compagnon de route. Sauf peut-être Sof, qui à l’inverse du nain, avait partagé bien plus que quelques blagues ou comptines salaces au coin du feu. Horghnar avait remarqué du coin de l’œil l’intérêt que l’humain portait à la jeune fille mais cette dernière ne semblait pas se souvenir du guerrier.
Carina appréciait la compagnie des deux mercenaires, ils lui rappelaient l’auberge ou elle avait grandi, au milieu des paysans et aventuriers de passage. Toutefois, elle se méfiait du nain, il regardait l’humain de manière très étrange. Et en parlant de l’humain, il lui rappelait vaguement quelque chose, mais son esprit était embrouillé par les drogues que les moines lui avaient administrées… Le premier soir après qu’ils aient quitté la tour, du moins ce qu’il en restait, elle s’était lavée dans la rivière et avait eu la désagréable sensation qu’on l’observait. Elle avait peur que la secte retrouve se trace.
Sof portait beaucoup d’attention à Carina. Il se souvenait de la nuit précédant le début de l’aventure, où il avait séduit la belle en épatant la galerie avec ses sorts de paladin. Il s’était bien gardé de lui dire qu’au lieu d’être le seul guerrier avec des pouvoirs de paladin, il était le seul paladin de l’histoire obligé à se reconvertir en guerrier. Toujours est-il que la jeune fille ne le laissait pas indifférent, et il regardait ses courbes de manière insistante, presque perverse. Heureusement que le nain était là pour l’empêcher de … pour le retenir. Il y a deux jours, il avait espionné la belle se laver dans la rivière alors que le nain récupérait du bois pour le feu. Sof avait d’ailleurs manqué de se faire prendre quand elle s’était retourné.
Horghnar était inquiet pour la jeune fille, il voyait bien l’attention que Sof portait à cette dernière, mais il était également jaloux, parce qu’il savait qu’elle le voyait comme un nain et non pas comme l’homme qu’il devrait être. A la fois par jalousie et par prudence, il empêchait tout rapprochement que Sof aurait pu tenter. Par pure méchanceté, il avait obligé Sof à finir la ration de fromage qu’il leur restait, il savait pertinemment que pendant la nuit, l’ex paladin dégagerait une odeur nauséabonde et repousserait tout naturellement les hypothétiques ardeurs de ses deux compagnons de route. Il faisait d’une pierre deux coups, vu que l’odeur empêcherait qui que ce soit de dormir et que l’éternel rituel de « qui va monter la garde » n’aura pas lieu.
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Le lendemain matin, la petite troupe repris la route en silence, les yeux tirés par le sommeil. Carina semblait vraiment mal en point, sans doute parce qu’elle était moins endurante que les deux guerriers, et que les drogues des moines n’aidaient pas. Sof était le plus frais du groupe, il avait réussi a trouvé le sommeil et s’était assoupi deux heures, ce qui avait suffit à la requinquer. Horghnar de son côté, se maudissait pour avoir eu une idée aussi débile et qu’il ne tenterait plus d’expérience jusqu’à leur retour à l’auberge, dans trois jours.