Quand vous regardez une carte des royaumes de l’est, et plus particulièrement de Strangleronce, l’ile des Jagueiros ne vous saute pas aux yeux au premier abord, son nom n’est même pas mentionné. Quelquefois en vous promenant le long de la cote des pirates, en cherchant des clampants à marée basse, on peut tomber sur une bouteille, romantique appel de détresse d’une princesse de légende enlevée par quelque monstre sordide. Enfin ceci se passe pendant les heures de bureau. Hors de ces horaires la vérité est toute autre…
C’est sur cette ile que mes amis Catelyn ,Whyskey et Deeg avaient décidé de passer la soirée et quand je dis la soirée une bonne partie du lendemain matin aussi. « Soirée VIP événementielle » proclamait le parchemin publicitaire affiché à l’entrée de la taverne du loup de mer, un truc à ne pas rater avait renchérit Tolardier. Nous faisions donc route vers cette ile dans la barque de Deeg, en espérant passer la soirée de notre vie. Nous ne devions pas être déçus.
Dès notre arrivée sur l’île notre route était tracée par deux haies de braseros ou brulaient
Toutes sortes de bois aromatiques saturant l’atmosphère de parfums envoutants. Au-delà du rougeoiement des foyers des panthères noires rugissaient comme pour donner une touche finale à ce dépaysement exotique. Au bout de ce chemin une piste de danse semblait nous inviter à tester notre virtuosité corporelle.
Ne résistant pas a cet appel nous fîmes une démonstration de nos talent respectifs. Whiskey, grand habitué des soirées imbibées, nous montra comment faire des cabrioles avec un verre plein sans en renverser une goutte, Deeg pirate oblige sortit ses deux sabres et nous exécuta avec maestria la danse du même nom, et moi me direz vous ? Eh bien moi après avoir admiré Catelyn ondoyer, charmer et troubler le public, j’improvisais quelques danses de cour qui firent se pâmer bien des dames dans l’assistance.
Apres ces efforts méritants je me dirigeais, bientôt rejoint par mes amis, vers la paillote qui avait l’air de servir de bar. Nous décidâmes avec mes camarades de déguster des cocktail dans l’ordre alphabétique. Catelyn, un « ange démoniaque », Whykey, un « baby-volcano », Deeg, un « cannon- rhum- ball » et pour moi un « dragon incendiaire ». De toutes part étaient installés des brasiers sur lesquels tournaient des pièces de gibiers, des barbecues débordaient de poissons et de crabes grillés.
La foule qui se pressait autour de ces stands était fort hétéroclite. Il y avait des vacanciers comme nous, des pirates de la voile sanglante, des gobelins richement attifés, quelques orcs de haute caste. Bref une compagnie qui en temps normal se serait honorablement étripée, mais qui, en ce temps de trêve, se supportait en bonne intelligence. Les succubes assuraient un service impeccable en poussant de petits soupirs suggestifs et tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes du RPG.
La fête battait son plein lorsque la musique cessa brusquement .On entendit alors des tambours qui semblaient provenir de la jungle proche, les battements se rapprochaient de plus en plus, et je me pris à penser qu’une bonne bagarre aurait peu être lieu ce soir .
Faisant irruption devant nous des gorilles géants frappaient leurs instruments en cadence et bientôt cette simiesque compagnie nous encercla. Une déflagration suivie d’une épaisse fumée monta du promontoire proche et la princesse Poobah apparut. La crinière tressée de perles scintillantes et les cornes rehaussées de dorures, cette magnifique représentante de la race Tauren entama une danse syncopée. Le rythme de cette chorégraphie et la beauté étrange de notre hôtesse nous transportaient et bientôt toute l’assistance fut en transe. Le roi des gorilles Mukla lui-même se mêla à la danse et la fête atteignit alors son paroxysme.
Je vous passe les mirifiques feux d’artifices qui se reflétèrent dans la mer tard dans la nuit. Le père Tolardier n’avait pas menti sur le « truc a ne pas rater ».
Nous sommes rentrés tôt le matin pour refaire nos sacs. Direction Cabestan.