On a tous des souvenirs plus où moins subtiles de notre passé, notamment de ce qu’on a vu, lu ou entendu à une certaine époque. Au fil des années, ce souvenir s’est sans doute déformé soit vers une sublimation qui nous pousse à croire que c’était tellement bon que rien ne peut l’égaler, une sorte de nostalgie permanente, soit vers une anecdotisation qui réduit l’oeuvre à son plus simple aspect, le divertissement, tout en occultant ce qu’elle avait de si savoureux.
L’exemple de sublimation le plus flagrant est Star Wars et sa trilogie d’origine qui a un facteur nostalgie des plus violent au point de faire paraître fade des films qui ne le sont pas (mais c’est tellement hype de le prétendre).
Mais est-ce que vous connaissez des œuvres que vous suiviez quand vous aviez entre 10 et 20 ans qui ne vous semble que gentillettes aujourd’hui, un passe temps sympa de l’époque mais qui quand on y replonge se révèle d’une profondeur rarement égalé à ce jour ?
Buffy contre les vampires fait partie intégrante de ce panthéon (avec Charmed, Loïs et Clark, Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois, Sliders…) des séries des années 90 et est à mi-chemin entre le teen-movie et la série fantastique. Quand on dévoile le pitch de la série, on pourrait croire à une mauvaise blague, un navet bien orchestré : Buffy Summers est la Tueuse de vampires, membre d’une longue lignée de jeunes femmes choisies par le destin pour combattre les forces du mal.
Mais c’est sans compter la maestria de Joss Whedon, son créateur, qui impose un style très particulier à la série, à la fois humoristique et dramatique, avec une écriture remarquable.
La série assume complètement sa position et n’essaie pas de cacher quelque chose qu’on ne peut pas cacher. Très souvent dans ce genre de série, il ne faut pas que le secret soit dévoilé au grand jour. Là, sans pour autant révélé son rôle de tueuse et l’existence des démons dans le cas présent, elle n’hésite pas à s’exposer. Fini les témoins qui tombent miraculeusement dans un coma sélectif à la dernière seconde, les amnésies passagères très sélectives également (Smallville étant un incontournable du genre). Les gens savent qu’il se passe des choses étranges même s’ils n’arrivent pas vraiment à mettre des mots dessus.
ALEX : Ouais, les vampires existent, et ils vivent presque tous à Sunnydale. Willow t’expliquera.
WILLOW : Je sais que c’est difficile à accepter, mais…
OZ : Non, en fait ça explique beaucoup de choses.
Ces situations étranges seront souvent sujettes à l’humour des personnages qui, contrairement aux série humoristiques classiques qui se perdent en lourdeur, est là parfaitement dosé. Les personnages se font des blagues et se vannent entre eux ce qui détend l’atmosphère, il y a assez peu de comique de situation sauf quand les personnages s’y prêtent (comme le Trio).
Là c’est un double-combo avec une référence à un ancien épisode (Intolérance) avec le bûcher des sorcières et une blague de lycéen en duo avec Oz.
Tout est penser pour le fan sans pour autant que cela n’impacte le spectateur occasionnel, les références aux anciens épisodes sont glissées subtilement comme une simple remarque de l’un des personnages sans qu’il ne soit nécessaire de la comprendre ou qu’on ait l’impression d’avoir loupé quelque chose d’essentiel ce qui permet à celui qui suit depuis le début de se senti plus impliqué sans pour autant que le spectateur occasionnel ne décroche.
Les personnages évoluent également avec le temps, passant de simples lycées à des étudiants puis des adultes. La tranche d’âge est d’ailleurs particulièrement bien choisie car elle permet en quelques années aux protagonistes de changer de milieu relativement souvent pour que cela ne devienne pas monotone et tout en offrant des points de repères qui sont constant. Les personnages de Willow et de Gilles sont les plus marquant de ce point de vu. Gilles est un personnage important qui a déjà vécu et évolué, il ne va donc pas grandement changer au cours de la série même s’ils va s’adapter aux mêmes changement que les autres, il possède des tics, des habitudes qui en font un personnage fixe. A l’inverse Willow change énormément au cours des 5 premières saisons qui la font passer de jeune lycéenne timide et coincé à une sorcière lesbienne extravertie. Cela étant, le changement est subtil, il passe par des habitudes qui se modifies, un style vestimentaire qui évolue et une légère rupture de l’autorité parentale qui n’est pas extrêmement présente dans son cas. A l’inverse, le personnage d’Alex, même si de la même génération de Buffy et Willow, est relativement constant, il est le pote rigolo qui n’hésite pas à se mettre en danger pour ses amis et le restera tout le long de la série. Cette constructions a le mérite de laisser des ponts entre les épisodes via les personnages “constants”. Le spectateur occasionnel attrapant un épisode par-ci par-là ne sera pas complètement perdu, il devra juste admettre que certain personnages ont évolué, d’autre moins.
Chose intéressante d’ailleurs, si les personnages “constants” sont des repères pour le spectateur, ils le sont également pour les personnages eux-mêmes. Typiquement, Gilles, en tant qu’observateur, a un rôle de mentor et de conseiller pour Buffy et Willow. Il sait par quoi elles vont passer et est préparé à cela, c’est là personne référente en matière de surnaturel. Cette position réfèrente est complètement assumé par la série, puisque que quand Gilles est absent à certains moment, les protagonistes se trouvent désemparés et aimeraient qu’il soit là. Ayant les mêmes points de repère que les personnages, le spectateur se sent alors plus impliqué dans l’action.
On pourrait considérer que Giles évolue quand on le découvre guitariste et chanteur, mais ce sont simplement des passes temps qu’il avait mis de côté pour tenir son rôle d’observateur. On sait également que Giles a eu une adolescence mouvementé entre magie noire et délinquance avant d’admettre pleinement son rôle d’observateur. Ce passé refera surface à plusieurs reprises.
Buffy contre les vampire fait donc partie de ces séries qui ont un petit goût de revenez-y et qui sont toujours appréciables.
Article publier à l’origine sur le blog communautaire backtotheculture.fr.