S’appeler « Sans limites » et avoir une action située entre une planète et une station spatiale à 20min de vol l’une de l’autre, c’est se moquer du monde, et malheureusement ce n’est pas le seul détail qui insulte l’intelligence du spectateur.
Note : ★★☆☆☆
Quand je suis sorti de la salle, j’avais un avis assez positif sur le film, beaucoup d’action, de l’humour, une certaine profondeur sociale et psychologique. Puis plus les minutes s’égrainaient, plus j’en discutais avec mon comparse cinéphile, plus le film le semblait d’une bêtise sans nom, chaque plan ne servant qu’à embellir l’action au détriment d’un fil conducteur cohérent.
Nous avons donc à faire à un Kirk qui se pose des questions sur l’utilité de sa mission, se demandant si, comme l’univers est infini, son exploration n’est pas vaine. Cela après seulement 2 ou 3 ans sur les 5 que compte la mission d’exploration.
La scène d’entrée, outre sa partie comique, montre une certaine lassitude dans l’action de tous les jours, comme si l’excitation des premiers temps avait disparu. Et pour marquer cela, on voit Kirk réagir comme quelqu’un de normal et non un capitaine de vaisseau d’exploration. Un gag traduit très bien cet état : au sortir d’une mission diplomatique ratée, la seule chose qui préoccupe Kirk est qu’il a de nouveau déchiré une chemise, et non pas que les négociations de paix aient échoués. Ça peut paraître drôle au premier abord, mais juste ce détail montre un capitaine blasé qui n’a que très peu d’intérêt pour ce qu’il fait. D’ailleurs quelques secondes après, il se renverse un café dessus, révélant une nouvelle fois la préoccupation de sa chemise…
Mais outre cette scène d’introduction et quelques autres éléments disséminés un peu aléatoirement dans le film, rien ne viendra conforter Kirk sans cet état alors qu’il aurait été possible de faire tellement plus.
La première partie du film reste relativement logique, on découvre l’adversaire, on voit les personnages dans leur milieu « naturel » avec leurs histoires individuelles. Mais on en arrive aux points qui fâchent et à ces moments où le film perd en cohérence au point que chaque décision est complètement stupide.
A partir de là, les spoils sont nombreux (et violents) !
Puissance de l’ennemi
Le grand méchant du film dispose d’une armée considérable, très violente et puissante au point de défoncer l’Enterprise qui est complètement désemparé, alors qu’il est sensé être l’un des vaisseaux les plus performant de la Fédération. Donc pourquoi a t’il besoin d’une arme « biologique » pour anéantir la station spatiale de la Fédération. D’autant qu’à la fin du film ou voit clairement que les vaisseaux ennemis parviennent à y entrer.
Autre élément, le méchant tient absolument à passer par une porte ultra défendu alors que la station est une sphère de verre (ou autre matériau transparent). Qu’est-ce qui rend la porte plus accessible sachant qu’elle enferme l’ennemi dans une sorte de couloir d’accès ? Il a tous les plans de la station, pourquoi choisir d’entrer par une porte surprotégée ?
La fausse motivation de l’ennemi
Ça nous amène à la motivation du méchant du film : faire comprendre à la Fédération que l’union avec les autres peuples est une faiblesse. Lui même ancien soldat de la Terre Unie qui a combattu de nombreux aliens, il n’accepte pas qu’on s’allie avec ceux qu’on a combattu par le passé. Je peux tout à fait comprendre cette motivation, mais la crainte du méchant n’est absolument pas retranscris dans le films, tous les personnages importants sont des humains ou des semi-humains (#Spock), aucun aliens ne semble avoir de rôle clé, et la station s’appelle York Town qui fait encore écho à une ville humaine. Tout dans ce film transpire l’humain et la suprématie des humains alors que la volonté du méchant est justement de rendre les humains forts en rompant l’alliance. On voit une amirale de la Fédération dans le film, il aurait été intéressant d’en faire une alien, ou de montrer ce que voit le méchant car au final on comprend que c’est juste un taré qui ne sait plus se contrôler.
D’autant que même si le plan du méchant réussi, à aucun moment cela ne remettra en question la Fédération des Planètes qui se contentera de pleurer ses morts. Créer un climat de peur et de xénophobie en rendant des non-humains coupables d’attentat aurait été tellement plus intelligent.
La téléportation, c’est quand ça veut
Alors que l’équipage a été capturé, il est évoqué la possibilité de le récupérer par téléportation. La roche entourant l’équipage étant magnétique, la téléportation immédiate est impossible donc il y a toute une expédition pour apporter des balises de téléportation aux prisonniers.
Plus tard dans le film, quand le méchant s’apprête à libérer son arme biologique, pourquoi ne pas le téléporter dans l’espace ? Ou en prison ? Il y a peut-être une raison à cela, mais rien n’est expliqué. Et on ne peut même pas dire que la téléportation dans la ville n’est pas possible puisqu’on voit quelqu’un le faire au début du film.
Caché ou pas caché
Quand la Team Kirk découvre un vieux vaisseau de la Fédération sur la planète, ils sont surpris que celui-ci n’est pas été détecté. A ce moment là, le personnage inutile de Jaylah leur montre qu’elle a caché le vaisseau avec des projecteurs d’invisibilité.
Plus tard dans le film, on apprend que le méchant n’est autre que le capitaine de ce vaisseau, de ce fait il était parfaitement au courant de l’existence de ce dernier, donc pourquoi le cacher ?
L’équipage
Tout au long du film, de part l’attitude blasé de Kirk, nous avons droit à des réflexions sur le fait que l’équipage est indispensable, qu’ils sont précieux, que sans eux rien ne va plus. Pour autant, tout le second tiers du film repose sur le besoin de sauver cet équipage. Et nous avons droit à une apothéose à la fin ou Kirk reprend gout à son rôle de capitaine alors que McCoy énumère les dangers de l’espace.
Morale du film : tu as besoin d’un équipage pour le sacrifier et le sauver afin de te sentir vivant.
Fin du spoil !
Il y a quand même de très bonnes idées dans ce film, avec de nombreux plans très sympathique, des idées de mise en scène plutôt originales, mais pour reprendre une analogie de mon comparse cinéphile : un film est avant tout un fil conducteur sur lequel on place des scènes pour expliciter l’histoire. Dans ce film (et comme de nombreux autres du même genre), on a choisit des scènes spectaculaires et créer une fil conducteur capable de les lier. En résulte un film bancale.
Je comprend qu’il puisse être considéré comme étant plus fidèle à l’esprit Star Trek de par sa dimensions sociale et psychologique, mais c’est tellement survolé… Je noterais d’ailleurs de nombreuses références aux anciennes séries qui sont très discrètes et j’ai vraiment apprécié l’attention loin des références parfois lourdes et maladroites.
Donc ce Star Trek : Sans limites s’est rapidement limité dans sa narration et son développement.